Vlad Letaxi

PK : L’ENFANT PRODIGEvlad / Chroniques urbainesTaxi / 2 comments

Non, je ne rêve pas. Il s’assoit sur la banquette arrière du cab, il est black, au visage sérieux mais sympathique, manifestement dans une forme physique exceptionnelle: le numéro 76 du Canadien est bel et bien dans mon taxi.

Les textes bibliques de Montréal élèvent le Hockey au rang d’une religion, par conséquent le fait d’avoir « le saint » P.K. Subban près de soi doit tenir du miracle.

Nous échangeons quelques formalités, puis je pose enfin les vraies questions.

« À ton avis, quelle est la première qualité que doit avoir un bon coach? »

« Un bon coach se doit d’être un leader, un vrai chef qu’on a le goût de suivre; il doit avoir un sens du jeu hors du commun et pouvoir communiquer ses moindres subtilités…un bon coach t’amène à te dépasser; il va chercher le meilleur de tous ses joueurs. »

« Ok, dis-moi: Est-ce difficile pour un gars talentueux, jeune ainsi que célibataire, d’évoluer ici, à Montréal, la ville de tous les vices? »

« Non, pas vraiment; depuis ma tendre enfance je suis les Canadiens autant sur, que hors de la glace; s’il y a quelque chose que j’ai compris c’est qu’il faut toujours garder son sang-froid. Tu dois rester discipliné peu importe la situation. Les excès, les faux amis, je fais de mon mieux pour me tenir loin de ça. »

Les questions se bousculent dans ma cervelle; P.K. les adresse toutes sans la moindre hésitation.

« Comment vois-tu ta place dans l’organigramme de l’équipe? »

« Rien n’est jamais garanti dans une organisation historique comme le Canadien; ta place, tu la gagnes en donnant toujours ton 110%. C’est la seule manière de t’assurer de faire partie de l’équipe… »

« À ton prochain contrat, il semble que tu vas faire sauter la Banque… »

« Pour moi, l’argent ce n’est pas ce qui importe; j’ai un agent qui s’occupe de tout ça, mon job c’est de toujours améliorer ma game, d’aider mon équipe à gagner et de donner le meilleur show possible aux partisans. »

« Come on P.K.! Avoue que c’est important l’argent! »

« Look; bien sûr, toi tu travailles pour l’argent, comme la plupart des gens. Moi, je suis choyé, je fais ce que j’aime en échange d’une rémunération intéressante. C’est le jeu de l’offre et de la demande, de plus comme je te l’ai dit, j’ai quelqu’un qui s’occupe de ça… »

Je cesse mes questions en rafale pour lui dire combien je suis étonné qu’il soit si articulé, poli et terre à terre. Tout le contraire de ce que prétendent habituellement les médias.

Sa réponse: « Don’t believe the hype ».

On se dirige vers un club huppé de la métropole; je suppose que même un guerrier a lui aussi besoin de repos; P.K. a bien le droit de s’amuser.

« On va faire quoi au club P.K.? Il est déjà 3h du mat… »

« Un des gars avec qui je faisais la fête a oublié de payer sa note. »

« Ok, c’est pas de tes affaires. »

« You don’t get it, do you? »

« Nope. »

« Dans cette ville, la perception est aussi importante que la réalité. »

« Ah! D’accord. »

Il me fait comprendre que de mauvaises langues pourraient vicieusement tourner un tel incident en crise médiatique et que mieux vaut ne pas laisser traîner ce genre de chose. Cool. Merci pour la leçon.

P.K. Subban est un ambassadeur du tricolore, un représentant de la crème de ce sport au niveau international et professionnel. Il est certain qu’il lui reste encore beaucoup à apprendre, mais il est fait de l’étoffe des champions; il est doué, il s’adapte vite… Cool, calme, plein d’énergie; pas étonnant que le Canadien veuille bâtir sur de jeunes joueurs comme lui.

Personnellement, je ne m’inquiète pas, l’organisation du Canadien et PK vont finir par s’entendre.

La véritable question est la suivante: « À quand un « C » sur la poitrine du kid ? »