février 20, 2013 at 8:54

La vie, un jeu…vlad / Chroniques urbainesLiens/LinksVideos / no comments

La vie un jeu

 

« Tu passes quand tu veux man, on te paye la traite. »

 

C’est le deuxième gars qui m’invite à son resto. Le premier c’était pour le Furco; lui, c’est pour le Bevo. Dans le taxi tu manges tellement de merde, qu’une invitation à une bonne bouffe est notable. Quelques minutes passent et une blonde magnifique glisse gracieusement sur la banquette arrière du cab.

 

« Allo, ça va? »

 

« Oui, et toi? »

 

« Pas mal. Tu as fait quoi ce soir? »

 

« J’ai accompagné ma copine au bar. Elle se cherchait une date. »

 

« Comment ça été? »

 

« Ça a fonctionné. On a fait les yeux doux aux beaux mecs, et ils sont venus nous payer des verres. »

 

« Ah! Le bon vieux truc… »

 

« C’est fou comme ça marche! »

 

« Tu fais quoi dans la vie boss? »

 

« J’suis prof. »

 

« T’avoir eu comme prof j’pense j’serais devenu un bol. »

 

« Ah, ah, ah, t’es drôle! »

 

« Non, c’est vrai. J’aurais été devant ton bureau avec une pomme rouge à tous les jours. »

 

« T’es gentil! »

 

« Ben oui! Une pomme contre un bisou Mme la professeur! »

 

« Es-tu comme ça avec toutes tes clientes? »

 

« Non, seulement celle avec qui je perçois une connexion spéciale. »

 

« Avant que tu t’énerves, j’ai un copain et je tiens à lui. »

 

« C’est cool, j’suis pas jaloux on peut partager… »

 

« T’es pas un cadeau toi… »

 

« Non, juste une surprise. »

 

« Tu devais être quelque chose en classe. »

 

« Oui! C’était l’un ou l’autre. Ou le prof m’adorait, ou elle me détestait. Pas de juste milieu…»

 

« Toi, la job d’enseignante, comment tu aimes ça? »

 

« Deux ans de Cégep, et quatre ans de Bacc. Pour un salaire misérable. C’est ça le domaine de l’éducation. »

 

« Ouais mais il y a bien des avantages sociaux tout de même? »

 

« On ne devient pas prof pour l’argent, ou pour les avantages sociaux. Les chauffeurs de bus gagnent plus que nous. Imagine! On a comme responsabilité de former la plus grande richesse au monde, les enfants, et ce, pour un salaire de misère. Non, j’fais ça parce que c’est stimulant, et que je suis passionnée. »

 

« Ok… et quand tu sauves pas le monde à éduquer les générations futures, tu fais quoi? »

 

« Du patinage artistique. »

 

« Ah c’est pour ça que tu as de si belles jambes! »

 

« T’arrêtes pas hein toi! »

 

« Faut faire attention avec ta beauté sulfureuse, tu risques de faire fondre la glace sous tes patins… »

 

Après beaucoup de rire, je la laisse enfin à sa destination. Le temps passe et l’accalmie qui enveloppe la Métropole nocturne s’oppose à ma turbulence interne. Je sens une énergie en moi que je ne saurais décrire; il y a de ces moments dans le taxi. J’arrête quelques secondes, pour comprendre le tourbillon d’idées qui se bousculent dans ma tête…

 

Où en étais-je? Ah oui! Pendant que je suis immobile dans mon cab, la terre, elle, continue de tourner sur elle même et autour du soleil; un cycle qui fait naître l’ombre et la lumière. On y est, je suis dans mon élément, la nuit. Mes yeux se fixent vers la droite et le prédateur en moi reprend le dessus.

 

Je l’aperçois près du métro Rosemont et tel un jeu de chasse, je pars à la rencontre de ma proie.

 

Elle est actrice. En attendant de jouer les grands rôles, elle travaille à jouer à des jeux de société. Je lui demande de me réciter une tirade, elle refuse, jusqu’à ce que je lui récite quelque chose qui finit par lui plaire.

 

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mai 26, 2015 Guy say:

Salut Vlad! J’espère que tu vas bien!



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